LFSS 2019 et décret contrats responsables – Focus sur le 100% santé
14/02/19
14/02/19
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 a été publiée au JO du 22 décembre 2018.
Elle prévoit des dispositions ayant un impact direct sur les régimes de protection sociale complémentaire Frais de santé mis en place au sein des entreprises avec la mise en œuvre de la réforme du « reste à charge zéro » en matière d’optique, de dentaire et d’audioprothèse et la modification correspondante du cahier des charges des contrats dits responsables, conditionnant le bénéfice des aides fiscales et sociales attachées à ce dispositif.
Cet article traduit dans la loi l’accord obtenu entre l’ensemble des parties prenantes (professionnels de santé, assurance maladie, union des organismes d’assurance maladie complémentaire – UNOCAM), en juin dernier, sur le chantier du « reste à charge zéro », intitulé « 100% santé » par le Gouvernement. Une réforme, mise en place de manière échelonnée, sur une période de 3 ans.
Il prévoit ainsi :
1/ L’obligation pour les contrats de complémentaire santé responsables (individuels ou collectifs) de couvrir intégralement le panier « 100% santé »
À NOTER : en pratique, un certain nombre d’accords de branche ne seront pas rendus conformes à ces nouvelles dispositions au 1er janvier 2020 ; en effet, des négociations même entamées en 2019 n’aboutiront pas toujours à une mise en conformité à la date d’échéance fixée. Toutefois, il convient de rappeler qu’en application de la hiérarchie des normes, si la loi est « mieux-disante » ou, autrement dit plus favorable, en termes de niveaux de garanties, que l’accord de branche, les dispositions de la loi s’appliquent automatiquement aux entreprises et aux salariés.
À NOTER : selon certains spécialistes, cette modification des actes de droit du travail ne serait pas nécessaire, dès lors que les tableaux de garanties qui sont à modifier dans ce contexte sont annexés à titre purement informatif à l’acte de droit du travail (DUE, accord collectif, accord soumis à référendum).
Par ailleurs, en cas d’évolution éventuelle des cotisations suite à la mise en œuvre de cette réforme, l’existence d’une clause de révision « automatique » permettrait également de ne pas à avoir à modifier l’acte de droit du travail.
Seuls les contrats d’assurance seraient alors à mettre en conformité dans ce cadre précis.
Par ailleurs, sur la mise en conformité des actes juridiques de mise en place des régimes, la direction de la Sécurité sociale, dans une lettre en date du 13 décembre dernier, a pu apporter les précisions suivantes :
Le dernier point sur l’absence de redressement peut manquer de précisions, notamment sur le point de savoir durant quelle période l’URSSAF sera invitée par la direction de la Sécurité sociale à faire preuve de tolérance vis-à-vis des entreprises. Néanmoins, cette disposition reste rassurante pour ces dernières.
2/ La possibilité de différencier des classes et des bases de remboursement de la sécurité sociale selon que les produits relèvent ou non du 100% santé
Certains produits « 100% SANTE » pourraient ainsi avoir une base de remboursement Sécurité sociale plus élevée.
Les modalités de prise en charge de ces prestations, par la Sécurité sociale, sont d’ores et déjà fixées pour les audioprothèses, par le biais d’un arrêté publié le 14 novembre dernier.
3/ La possibilité de conditionner le remboursement par la Sécurité sociale à l’obligation pour les audioprothésistes et les opticiens de disposer et de proposer des équipements « 100% SANTE »
4/ L’obligation pour les professionnels de santé de présenter aux assurés un devis comportant au moins un équipement optique ou une aide auditive « 100% SANTE» adapté aux besoins du patient
Un décret d’application, modifiant le cahier des charges des contrats responsables [décret n°2019-21 du 11 janvier 2019] est venu fixer de nouveaux planchers et plafonds de prise en charge pour chacune des 3 catégories de prestations visées par la mise en œuvre du 100 % SANTE :
Optique :
Aides auditives :
Dentaire :
A noter que les obligations de prise en charge du forfait journalier et du ticket modérateur pour les actes médicaux courants subsistent.
Une réforme d’ampleur qui entraîne une nécessaire refonte des contrats d’assurance souscrits, et le cas échéant, des actes de mise en place des régimes Frais de santé au sein des entreprises, à compter du 1er Janvier 2020.